Résumé |
RESUME
La campagne agricole 2022/2023 a démarré dans des conditions socio-économiques
globalement difficiles marquées par :
? Un approvisionnement suffisant des principaux marchés en denrées alimentaires de base
(mil, sorgho, maïs, riz, sucre, lait, huile, …) avec toutefois des disponibilités faibles par
rapport celles de 2021 (riz et maïs) voire inexistantes pour le mil et le sorgho en
plusieurs endroits du pays ;
? Une hausse considérable des prix de céréales comparativement à ceux de l’année
précédente et à la moyenne des cinq dernières années ;
? L’épuisement précoce des réserves alimentaires familiales (stocks paysans) dans les
zones déficitaires et les quantités jugées faibles à moyennes dans les grandes zones de
production ;
? La hausse considérable du prix des hydrocarbures, des intrants agricoles et du transport
comme conséquences de la crise Russo-Ukrainienne ;
? La persistance de l’insécurité civile dans certaines zones du centre et du nord du pays
provoquant des déplacements inhabituels de populations, des enlèvements de bétail
(particulièrement dans la région de Ménaka) et de perturbation des circuits
commerciaux ;
? La faible disponibilité des engrais subventionnés et le retard dans l’approvisionnement
des producteurs ;
Cependant, l’on a enregistré quelques facteurs positifs, entre autres :
? Une légère amélioration de la disponibilité de la main d’œuvre locale suite au retour des
bras valides des placers et des centres urbains ;
? Une reprise effective de la culture du coton avec un prix incitateur (285FCFA/kg) ;
? De nombreux appuis de la part de l’Etat et de ses partenaires (PAM, HCR, CICR, ONG,
…) effectués en vue de l’atteinte des objectifs de sécurité et de souveraineté alimentaires
du pays, à savoir : la subvention des intrants (semences et engrais), les aménagements
hydro agricoles, la formation et l’appui conseil, les appuis en nature (vivres et non
vivres) et en cash (argent) en faveur des populations vulnérables et de certains
producteurs Agricoles pendant la période de soudure agro-pastorale Ces assistances
alimentaires ont contribué à améliorer les conditions de sécurité alimentaire des
ménages vulnérables.
? Des conditions agro climatiques favorables.
Sur le plan conditions agro climatique, la campagne Agricole 2022 a été caractérisée
par une pluviométrie jugée globalement suffisante pour les besoins des cultures et
pâturages et les activités de pêche.
Ainsi, la situation pluviométrique de la campagne agricole 2022, a été caractérisée par une
installation précoce des pluies, une fin tardive avec une bonne répartition des pluies dans le
temps et dans l’espace. Le cumul pluviométrique du 1er mai au 31 octobre 2022 a varié entre
1518,5 mm à Yanfolila et 58 mm à Taoudénit. Ce cumul est supérieur à celui de 2021 dans
l’ensemble pour la même période. Il est également supérieur à la moyenne des cinq dernières
années (2017 à 2021) sauf dans les localités de Tombouctou, Ansongo et Tessalit où il a été
légèrement inférieur. Comparé à la normale climatologique (1981-2010), les quantités de
pluies enregistrées ont été normales à excédentaires (Source, MALI-METE0 2022).
La situation hydrologique a été marquée par : (i) la baisse de niveau sur tous les cours d’eau de
Mai à la deuxième décade de juin 2022 avec de légères montées souvent observées sur le Niger
à Bamako, Koulikoro et Kirango suite aux eaux turbinées du Barrage de Selingué ; (ii) la
poursuite du déstockage des eaux des retenues de Sélingué et de Manantali du mois de Mai au
20 Juin ; et (iii) l’amorce du remplissage de la retenue de Sélingué pendant la 2em décade de
Juin, et celui de Manantali pendant la troisième décade de Juillet.
Dans l’ensemble, ces conditions ont été favorables au développement des cultures dans toutes
les zones agricoles du pays à la faveur des pluies régulières qui ont été enregistrées tout au long
de la campagne agricole. Les semis ont commencé pour les cultures pluviales vers la fin mai à
juin dans la zone Sud (Sikasso, Sud de Kayes, Koulikoro et de Ségou), de la mi-juin à juillet
pour le reste du pays. Ils se sont poursuivis partout pour les différentes spéculations jusqu’en
fin juillet voire début août. La superficie totale emblavée, toutes céréales confondues, est
estimée à 6 186 779 ha, soit 102,1% des objectifs du plan de campagne (6 061 726 ha).
Cependant, des pertes de superficies (151 913 ha) suite aux inondations, à la sécheresse et aux
abandons de champs ont été constatés. Les plus importantes par noyade sont constatées dans
les régions de Ségou (Bla et San) et Mopti (Djenné et Mopti) alors que des abandons de
superficies sont constatés dans les régions de Mopti, Bandiagara, Douentza, Gao (Ansongo et
Ménaka), San, Ségou, Koulikoro et Koutiala à cause de la persistance de l’insécurité.
A la faveur des bonnes conditions agro climatiques, les rendements sont dans l’ensemble
moyens à bons pour le mil et le sorgho ainsi que pour les légumineuses (arachide, niébé, sésame,
soja) et moyens pour le riz et le maïs. Toutefois il a été noter une insuffisance de fertilisant liée
à des difficultés d’accès aux engrais minéraux (insuffisance des quantités subventionnées,
retard dans l’approvisionnement auprès des producteurs, et prix élevés des engrais sur les
marchés). Ce déficit dans l’apport des engrais minéraux aurait affecté les rendements du maïs
et du riz irrigué. Par ailleurs, la situation du Criquet pèlerin est restée calme durant la campagne
agricole. La situation phytosanitaire a été émaillée par des infestations des piqueurs suceurs
jassides sur les cotonniers, dans plusieurs zones de production agricole du pays, qui ont impacté
négativement les rendements du coton. Pour les autres nuisibles de cultures, la situation
phytosanitaire est restée moins préoccupante malgré les quelques cas infestations de nuisibles
observées çà et là sans dégâts majeurs.
Les conditions générales d’élevage sont bonnes à moyennes ; elles étaient bien fournies au sortir
de cette saison d’hivernage à la faveur de la bonne pluviométrie. Ainsi, la biomasse fourragère
et les points d’eau ont atteint leurs niveaux maximums en fin septembre, date à laquelle, les
graminées sont devenues plus fibreuses et nutritives particulièrement dans la zone sahélienne
du pays. Au regard des conditions d’élevage, favorables à une alimentation adéquate du bétail
et des perspectives de faible pression de la part des troupeaux des pays voisins, les animaux
connaîtront une soudure pastorale normale dans le pays.
La mauvaise pluviométrie et la faible crue de la campagne précédente 2021 ont été défavorables
aux conditions de reproduction des poissons cette année. Les frayères ont été insuffisamment
inondées en 2022 ce qui a impacté le recrutement de nouveaux juvéniles jugé faible.
L’insécurité également a rendu difficile l’accès aux pêcheries dans beaucoup de localités et a
contribué à réduire les captures.
Sur le plan production agricole, la campagne agricole est jugée moyenne à bonne
avec …
? des productions végétales jugées moyennes à bonnes dans l’ensemble :
La production de céréales, estimée à 10 098 303 tonnes, est issue essentiellement du secteur
traditionnel (88,48%) contre 11,57% pour le secteur moderne (offices et agences). Elle est
composée à 36,96 % de maïs et 28,53% de riz, et respectivement à 18,15% et 15,67% de mil et
de sorgho. Elle est concentrée dans les régions de Sikasso (36%), Ségou (21%) et Koulikoro
(19%), avec un total d’environ 76% de la production céréalière nationale. Ce niveau de
production céréalière obtenu, renforcé par les importations et les aides alimentaires donne une
disponibilité céréalière apparente attendue par habitant estimée à 355,83 kg/habitant/an contre
318,38 kg/habitant/an en 2021. Il est supérieur à celui de l’année dernière de 14,5% et à la
moyenne des cinq dernières années (2017-2021) de 2,9%. La hausse de la production de
céréales, qui est essentiellement liés à celles des productions du mil/sorgho et du riz,
s’expliquerait le faible niveau des productions de la campagne 2021 et aussi par l’extension des
superficies emblavées cette année. La superficie totale cultivée en céréales au titre de la
campagne 2021, estimée à 6 186 779 ha en hausse de 1,1% par rapport à celle (6 119 137 ha)
de la campagne précédente 2021 et de 3,6% par rapport à la moyenne (5 970 049 ha) des cinq
dernières années (2017-2023). La hausse des emblavures totales de céréales, par rapport à la
campagne passée, est imputable en grande partie au sorgho et au riz avec respectivement 6,4%
et 4,6% de hausse. En effet, les cultures semblent avoir bénéficiés de la prolongation des
périodes de semis et de l’apport des nouveaux aménagements. Aussi, le sorgho a tiré profit des
superficies du maïs qui a enregistré une baisse de 5,4% suite à des difficultés d’accès aux
intrants observées cette campagne.
S’agissant des autres cultures, les légumineuses, exception faite du niébé, ont enregistré
chacune une hausse de production par rapport 2021 se présentant comme suit : 20,35% pour
l’arachide ; 45,77% pour le voandzou ; 28,3% pour le sésame ; et 7,9% pour le soja. Ces hausses
de productions seraient imputables à la bonne pluviométrie et aussi au fait que certains
producteurs, face aux difficultés d’approvisionnement en intrants, se sont rabattus sur la culture
des légumineuses. A ceci il faut noter l’impact de programme spécial auquel est soumis le soja.
Pour le coton, une baisse de la production de 31,7% (526 000 tonnes en 2022 contre 770 120
tonnes en 2021) est observée en 2022 suite à la flambée des prix des intrants agricoles sur le
marché mondial (impact de la guerre en Ukraine), à l’embargo imposé au Mali par la CEDEAO
et l’UEMOA de janvier à juillet 2022, privant le Mali de l’accès aux principaux ports
d’approvisionnement du pays et l’attaque de jacobiella fascialis sur le cotonnier. Les tubercules
ont enregistré une hausse de production de 5,41% par rapport à la campagne suite à la bonne
pluviométrie enregistrée.
? des productions animales, moyennes dans l’ensemble ...
La production totale de viande est estimée à 163 294,44 tonnes dont 53,86% de viande
contrôlée et 46,14% de viande non contrôlée issue des abattages familiaux et communautaires.
Comparée à la campagne précédente (165 113,13 tonnes) la production de viande a enregistré
une baisse de 1,1%. La diminution constatée s’explique d’une part par les prix élevés des
animaux, de l’aliment bétail et la perturbation de certains marchés du fait de l’insécurité.
La quantité de cuirs et peaux produite dans les différents centres d’abattage du pays est estimée
à 505 944 pièces de cuirs verts et 1 335 059 pièces de peaux.
Excepté le miel et la production de pondeuse, toutes les autres productions sont supérieures
celles de la campagne passée et à la moyenne des 5 dernières années. Ces hausses sont
imputables aux bonnes conditions d’élevage observées cette campagne et aussi aux différents
appuis de l’Etat et ses partenaires à l’endroit des éleveurs. Toutefois, par rapport à 2021, on
note des baisses de la production de pondeuses et de miel de 9,45%.
? une santé animale et une santé publique vétérinaire restées satisfaisante suite à
l’amélioration des actions combinées en matière de lutte contre les maladies animales
(prévention, traitement, contrôle, etc…)
La situation zoo-sanitaire est relativement calme dans l’ensemble. La campagne de vaccination
s’est poursuit de façon typique partout à travers le pays.
Les réalisations en termes de vaccination ont porté, toutes espèces confondues, sur : 45 501 473
animaux vaccinés sur une prévision de 72 339 258 têtes, soit un taux de réalisation d’environ
62,9%. Les réalisations de vaccination sont inférieures à celles de 2021 (71 831 468 têtes).
Les principales maladies visées ont été : la maladie de Newcastle, les maladies aviaires, la peste
des petits ruminants la péripneumonie contagieuse bovine, les pasteurelloses, les charbons.
? des productions halieutiques et aquacoles jugées satisfaisantes dans l’ensemble malgré
le contexte d’insécurité résiduelle croissante ……….
La production totale de poissons est estimée à 110 366 tonnes (dont 101 614 tonnes de poisson
de capture et 8 487 tonnes de poisson de pisciculture) sur une prévision totale de 113 265
tonnes, soit un taux de réalisation de 107%. Elle est inférieure à celle de 2021 qui était de
120 855 tonnes, et à la moyenne des cinq dernières années (112 850 tonnes). Cette baisse est
due à la diminution de la production halieutique (pêche de capture) fortement influencée par
les paramètres climatiques en passant de 112 368 tonnes en 2021 à 101 614 tonnes en 2022.
Il est à signaler que les activités agropastorales du pays ont été conduites par une population
agricole estimée à 18 035 981 habitants composée à 53,1 % d'hommes et 46,9 % de femmes.
Elle est très jeune avec 47,3 % de moins de 15 ans et 35,1% de 15 à 39 ans soit plus de 80% de
la population agricole à moins de 40 ans. La population agricole résidente est de 17 159 408
habitants dont 47,1% de sexe féminin. Cette population agricole est regroupée au sein de 1
614 917 exploitations Agricoles, majoritairement dirigées par des hommes, seulement 3,9%
d’entre elles ont un chef de sexe féminin. Elles sont constituées essentiellement d’exploitations
Agro-éleveurs (68%) des Exploitations agriculteurs purs (17%), éleveurs purs (9,8%), de
pécheurs purs (0,2%), _ agro- pêcheurs (1,4%), agro-éleveurs pêcheurs (1,1%) et éleveurs
pêcheurs (0,3%). Les hommes et les femmes de ces différents types d’exploitations, participent
tous à des proportions élevées aux travaux agricoles.
Ainsi, pour la production Agricole, ils disposent des matériels et équipements agricoles.
Cependant, le sous équipement reste important avec seulement 42,5% des exploitations
disposant au moins d’un équipement complet en attelage. Aussi, ils font recours aux services
financiers avec un taux d’accès de 58,67%. Cette proportion est de 51,43% pour les hommes
agriculteurs contre seulement 7,23% des femmes. Le nombre de femmes bénéficiaires de crédit
représente 10% de l’ensemble des contractants contre 90% pour les hommes. La faible présence
des femmes s’expliquerait surtout par leurs moyens limités à répondre aux exigences et relever
les défis liés aux transactions économiques.
Sur le plan alimentaire et nutritionnelle,
Les marchés céréaliers sont suffisamment approvisionnés en céréales locale et autres grâce aux
bonnes productions agricoles. L’offre sur les marchés est appréciée supérieure à celle de l’année
dernière à la même période en raison, d’une part, de la relative bonne disponibilité de céréales,
et d’autre part, d’une demande plus forte. Comparée à une année moyenne, l’offre est semblable
à l’exception de celles du maïs et du riz qui sont en baisse en raison de la baisse des rendements
consécutive aux difficultés d’accès aux engrais chimiques lors de la campagne écoulée. Les
demandes des céréales sont faibles au niveau des communautés rurales en raison de l’existence
d’une disponibilité de céréalière moyenne à importante. Quant aux demandes institutionnelles,
elles sont plus importantes que celles d’une année normale en raison de l’épuisement des stocks
en fin de l’année alimentaire écoulée.
Les prix des céréales de base en janvier 2023 par rapport au mois passé sont presque stables
dans l’ensemble sur les marchés des capitales régionales. Par rapport à la moyenne
quinquennale, les prix des céréales de base restent nettement supérieurs sur tous les marchés.
Ces niveaux de prix réduisent l’accès adéquat des ménages pauvres aux denrées. Quant aux
denrées importées, elles restent disponibles de façon suffisante en dépit des effets de
l’insécurité. Leurs prix restent supérieurs à la moyenne en dépit des facilités fiscales accordées
par le Gouvernement en raison de la conjoncture économique mondiale marquée par une
inflation. Les prix des animaux, élevés se maintiendront à la faveur des bonnes conditions
d’élevage qui sont constatées à travers le pays. D’une manière générale, les prix évolueront
dans des fourchettes proches de la normale ou légèrement supérieurs. Toutefois, dans les
régions de Gao, Ménaka et Kidal, les prix des animaux sont en baisse à cause de la persistance
de l’insécurité, caractérisée par des vols/enlèvements de bétail.
La situation alimentaire est globalement bonne dans le pays exceptées les zones d’insécurité où
elle demeure difficile. Les populations identifiées en insécurité alimentaire et nutritionnelle au
cours de l’exercice du cadre harmonisé de novembre 2022 ont bénéficié des distributions
alimentaires gratuites, des cash transferts et des coupons alimentaires de la part du
Gouvernement et de ses partenaires. Ces actions ont atténué les difficultés de ces populations
vulnérables. Cependant, l’exercice du cadre harmonisé (CH) de mars 2023 à identifier : (i) en
situation courante (mars à mai 2023) 39 054 personnes soit 0,18% de la population totale en
urgence, 721 833 personnes soit 3,24% en phase crise et 2 915 871 personnes soit 13,08% en
phase sous pression. ; et (ii) en situation projetée (juin à aout 2023), 2 507 personnes soit 0,01%
de la population totale du pays en catastrophe ; 76 234 personnes soit 0,34% en urgence, 1 183
337 personnes soit 5,31% en crise et 4 090 567 personnes soit 18,35% en phase sous pression.
Ainsi, le nombre total de personnes en insécurité alimentaire et nutritionnelle a diminué par
rapport aux derniers CH aussi bien en période courante qu’en projetée. Cette situation est due
au comportement des campagnes agropastorales. Plus la campagne est bonne le nombre de
personnes en IAN diminue. |