Enquête sur la présence des migrants dans les régions de Kayes, Koulikoro et Sikasso

Malgré une situation sécuritaire de plus en plus préoccupante dans certaines régions, le Mali reste l'un des pays
les plus importants de transit, de départ et destination de diverses nationalités, principalement originaires de
l’Afrique de l’Ouest, à la recherche d’opportunités de travail et de moyens de subsistances. Face à cette situation
complexe de mobilité, les migrants sont souvent exposés à des risques de vulnérabilité. Ils sont généralement
victimes d'abus, d'exploitation, de discrimination et parfois même de traite.
En vue de renforcer les connaissances sur la situation de la mobilité dans les zones de forte attraction
économique au Mali, ce travail vient mettre en exergue des analyses approfondies sur les caractéristiques
sociodémographiques et économiques des migrants dans les zones ciblées, la mobilité, les conditions de travail,
la situation de vulnérabilité, d’exploitation et de traite de ces migrants afin d’apporter des réponses
programmatiques. En décembre 2022, une enquête a été réalisée dans les régions de Kayes, de Koulikoro et de
Sikasso, spécifiquement dans les communes qui attirent de plus en plus de migrants économiques (orpaillage,
commerce, etc.). Elle a touché 3 682 migrants économiques originaires de 15 pays, répartis entre les trois régions.
Les migrants originaires du Burkina Faso ont été la proportion la plus importante parmi les migrants enquêtés.
La proportion des hommes migrants est plus élevée que celle des femmes migrantes et ce quel que soit la
nationalité sauf chez les migrants nigérians où les femmes sont les plus nombreuses (93%). L’analyse révèle que
la majorité des migrants enquêtés âgés entre 18 et 25 ans, sont célibataires et n’ont aucun niveau d’instruction.
Plus du tiers des migrants résidaient au Mali depuis plus de 12 mois et 26 pour cent d’entre eux ont fait entre 6
et 12 mois. La recherche de l’emploi ou de meilleures opportunités économiques constitue le principal motif
d’immigration au Mali.
Dans les différentes zones couvertes par l’enquête, l’exploitation minière (74%) et le commerce (12%) ont été
les principales activités génératrices de revenus de la majorité des migrants interrogés. Plus de quatre migrants
enquêtés sur dix (47%) sont des travailleurs indépendants et 38 pour cent ont déclaré être des employés. La
majorité (64%) des migrants affirment effectuer des transferts de fonds à leurs ménages d’origine.
Par ailleurs, une proportion non négligeable de migrants en activité (travailleur) se trouve dans une situation de
vulnérabilité, d’exploitation et éventuellement de traite dans certaines localités couvertes par l’étude. Ainsi, 13
pour cent des migrants enquêtés ne disposent pas de documents d’identité. Les nationalités concernées par cette
situation sont principalement les Togolais (29%), les Ghanéens (17%), les Burkinabé (14%), les Ivoiriens (12%) et
les Nigériens (11%). En outre, certains migrants enquêtés (18%) ne possèdent pas de contrat de travail et
travaillent de façon excessive c’est-à-dire au-delà des horaires prévus par les textes et sans être rémunérés de
manière convenable (19%). Cette situation a été plus observée dans les communes de Balan-Bakama, Séléfougou,
Minidian et de Naréna, région de Koulikoro.
Selon les zones d’enquête, les communes où les actes de violence ont été les plus marqués sont celles de BalanBakama, de Minidian, Séléfougou, Naréna dans la région de Koulikoro, Sitakilly et Kénieba dans la région de
Kayes.
En dépit des conditions de travail difficiles des migrants, l’étude montre que la plupart d’entre eux se sentent
bien intégrés dans les localités où ils vivent et travaillent.