Résumé |
Malgré un contexte sécuritaire de plus en plus préoccupant, le Mali reste l'un des pays les plus importants de
transit, de départ et destination de diverses nationalités, principalement originaires de l’Afrique de l’Ouest, à la
recherche d’opportunités de travail et de moyens de subsistances. Face à cette situation complexe de mobilité,
les migrants sont parfois confrontés à d'énormes défis de protection, ils sont généralement victimes d'abus,
d'exploitation, de discrimination et parfois même de traite.
En vue de renforcer les connaissances factuelles sur la situation de la mobilité dans les zones de forte attraction
économique au Mali, ce travail vient mettre en exergue des analyses approfondies sur les caractéristiques
sociodémographiques et économiques des migrants dans les zones ciblées, la mobilité, les conditions de travail,
la situation de vulnérabilité, d’exploitation et de traite de ces migrants afin d’apporter des réponses
programmatiques. Entre le 25 juillet et 12 août 2022, une enquête a été réalisée dans les régions de Kayes et de
Sikasso, des zones qui attirent de plus en plus de migrants originaires de différents pays de l’Afrique de l’Ouest
à cause de leur dynamisme économique (orpaillage, commerce, etc.). Elle a touché 1350 migrants économiques
originaires de sept pays, répartis entre les deux régions.
Les migrants originaires du Burkina Faso ont été la proportion la plus importante parmi les migrants enquêtés.
La proportion des hommes migrants est plus élevée que celle des femmes migrantes et ce quel que soit la
nationalité sauf chez les migrants nigérians où les femmes sont les plus nombreuses (77%). L’analyse révèle que
la majorité des migrants enquêtés âgés de 18 à 24 ans, sont célibataires et n’ont aucun niveau d’instruction.
La majorité des migrants (62%) réside au Mali depuis plus de 6 mois. L’accès à l’emploi, la recherche de meilleures
opportunités économiques constituent le principal motif d’immigration au Mali. En outre, plus de la moitié des
migrants interrogés ont affirmé avoir voyagé seul pour venir au Mali. Cependant, les voyages de 30 pour cent de
migrants ont été organisés par leurs employeurs ou par des parents, proches ou des passeurs.
La plupart des migrants enquêtés envisagent de retourner dans leur pays de résidence habituelle. Les migrants
qui veulent poursuivre leurs parcours migratoires en allant dans d’autres pays représentent 4 pour cent.
Dans les différentes zones couvertes par l’enquête, l’exploitation minière (88%), le service d’hébergement (10%)
et le commerce (7%) ont été les principales activités génératrices de revenus de la majorité des migrants
interrogés. Plus de quatre migrants enquêtés sur dix (43%) sont des employés et 42 pour cent ont déclaré être
des travailleurs indépendants. La majorité (69%) des migrants affirment effectuer des transferts de fonds à leurs
ménages d’origine. Ces transferts se font occasionnellement et mensuellement. Une grande partie de l’argent
envoyé par les migrants est utilisée pour les dépenses de consommation de leurs ménages d’origine.
Par ailleurs, une proportion non négligeable de migrants en activité (travailleur) se trouve dans une situation de
vulnérabilité, d’exploitation et éventuellement de traite dans certaines localités couvertes par l’étude. Ainsi, 17
pour cent des migrants enquêtés ne disposent pas de document d’indentification. Les nationalités concernées
par cette situation sont principalement les Guinéens (29%), Burkinabés (17%), les Nigérians (15%) et les Nigériens
(11%). En outre, certains migrants enquêtés (20%) ne possèdent pas de contrat de travail et travaillent de façon
excessive c’est-à-dire au-delà des horaires prévus par les textes et sans être rémunérés de manière convenable
(22%). Cette situation a été plus observée dans les communes de Sitakilly, Goudiaka, Seremoussa ani Samou,
Kenieba, Wassoulou Ballé et de Sadiola.
Selon les zones d’enquête, dans les communes de Goudiaka dans la région de Sikasso, 13 pour cent des migrants
enquêtés ont déclaré avoir subi une violence de type sexuelle, physique ou psychique. En outre, dans les
communes de Kenieba, de Seremoussa ani samou, Wassoulou Ballé et Sadiola, des migrants ont affirmé être
affectés par des actes de violence.
En dépit des conditions de travail difficile des migrants, l’étude montre que la plupart d’entre eux se sentent bien
intégrés dans les localités où ils vivent et travaillent. En effet, un peu plus de sept migrants sur dix (74%) déclarent
que leurs relations avec les communautés sont bonnes. |