Résumé |
L’objectif général de ce travail est de déterminer les caractéristiques sociodémographiques et
économiques des migrants dans les zones d’étude, la mobilité, les conditions de travail, la situation
de vulnérabilité, d’exploitation et de traite de ces migrants afin d’apporter des réponses
programmatiques.
L’enquête a été réalisée dans les régions de Kayes et de Sikasso. Elle a permis d’enquêter 1116
migrants économiques répartis entre les deux régions.
L’étude montre que les migrants Burkinabés sont les plus nombreux (74%) parmi les migrants
enquêtés. La proportion des hommes migrants est plus élevée que celle des femmes migrantes (87%
contre 13%) et ce quel que soit la nationalité sauf chez les migrants nigérians où les femmes sont les
plus nombreuses (81%). L’analyse révèle que la majorité des migrants enquêtés sont des adultes âgés
de 25 à 64 ans (55%), sont célibataires (52%) et sont sans niveau d’instruction (59%).
La majorité des migrants (71%) réside au Mali depuis plus de 6 mois. Elle a affirmé avoir choisi le
Mali comme pays de destination finale avant de partir et ce quel que soit la nationalité. L’accès à
l’emploi, la recherche de meilleures opportunités économiques constituent le principal motif
d’immigration au Mali. En outre, plus de la moitié migrants interrogés (69%) a affirmé avoir voyagé
seul pour venir au Mali et ce quels que soient le sexe et la nationalité. De plus, elle a déclaré avoir
organisé elle-même voyage. Cependant, les voyages d’un un certain nombre de migrants ont été
organisés par leurs employeurs ou par des parents, proches ou des passeurs.
La plupart des migrants enquêtés (77%) envisagent de retourner dans leur pays de résidence
habituelle. Les migrants qui veulent poursuivre leurs parcours migratoires en allant dans d’autres
pays représentent 6%. La majorité des migrants (89%) a affirmé qu’elle n’a contracté aucune dette
pour leur voyage.
Dans les différentes zones couvertes par l’enquête, l’exploitation minière (70%), le commerce (15%)
et l’agriculture (7%) ont été les principales activités génératrices de revenus de la majorité des
migrants interrogés. L’étude montre que plus de quatre migrants enquêtés sur dix (45%) sont des
employés et 43% sont des travailleurs indépendants. La majorité des migrants envoie de l’argent à
leurs ménages d’origine. Ces transferts se font mensuellement et occasionnellement. Une grande
partie de l’argent envoyée par les migrants est utilisée pour les dépenses de consommation de leurs
ménages d’origine.
Par ailleurs, une proportion non négligeable de migrants qui travaille se trouve dans une situation de
vulnérabilité, d’exploitation et traite dans des localités couvertes par l’étude. L’analyse révèle que
21% des migrants enquêtés ne disposent pas de document d’indentification. Les nationalités qui
sont concernés par cette situation les Togolais (45%), Ivoiriens (25%), Burkinabés (22%) et les
Nigérians (19%). En outre, un certain nombre de migrants enquêtés (34%) ne possèdent pas de
contrat de travail et travaillent de façon excessive c’est-à-dire au-delà des horaires prévus par les
textes et sans être rémunérés (33%). Cette situation est plus marquée dans les communes de
Tiongui, de Dogo, de Kolondieba et de Sadiola où respectivement la proportion de migrants ayant un
temps de travail excessif est respectivement de 48%, 46%, 45% et 37%.
L’étude indique 36% de migrants enquêtés ne reçoivent aucune rémunération. Les problèmes liés à la
rémunération ont été particulièrement évoqués chez les migrants Guinéens (30%), Ivoiriens (29%),
Burkinabés (27%) et Nigérians (13%). Les communes où il y a une proportion non négligeable de
migrants ne recevant pas de rémunération sont celles de Domba (80%), de Sadiola (40%), de Sitakilly
(33%), de Tiongui (30%) et de Kolondieba (28%).
Des cas de violence physique, sexuelle et psychique ont été signalés par des migrants (10%) dans la
commune de Kola dans la région de Bougouni. En outre, dans les communes de Kenieba et de
Goudiaka, respectivement 7% et 5 % de migrants ont été affectés par des actes de violence. Par
ailleurs, le problème d’accès au logement et de difficultés financières ont été déclarés par des migrants
dans certaines zones de l’étude. |